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Archive for the ‘مغامرات إستشفائيّة’ Category

Après les deux premiers épisodes de la série tunisienne  » البهامة و العْوج  » – saison 1 :  » مغامرات إستشفائيّة « ,  voici le troisième épisode intitilé  » هاكلّي حموم من البرّة ، هاو أحوالو من داخل  » (merci à bent-3ayla pour ceci et cela)

Été 2006, hôpital universitaire Sahloul, Sousse.

Le stage que j’y faisais a été l’occasion de découvrir ce que   » عادي جدّا  » dans un hôpital voulait dire. 

Premier jour

J’arrive à 8 h tapante au bureau du surveillant (le chef des infirmiers (ières) du Service). Au bout de 10 minutes, il m’envoie à un autre bureau, 3 étages plus bas, histoire de lui apporter mon « papier » qui prouve que je suis bien en stage dans le Service. Arrivée au Bureau des papiers perdus, j’attends un quart d’heure pour apprendre que le fameux papier n’était jamais arrivé. Ah bon! Comment peuvent-ils alors m’expliquer que mon école a reçu une copie de la convention signée de leur part?  » اللّه أعلم « , voilà ce que m’a répondu la gentille dame qui m’a annoncé que sans ce papier, pas de stage.           !! لا و اللّه جوّ!  جاية نلعب آني لنّا.  Je vous passe le reste des détails. Finalement,  vers 10 h, je remonte avec mon papier – je peux vous dire que je l’ai aimé mon papier ce jour là!!! Je l’ai aimé! Je l’ai même embrassé dans les escaliers en remontant au Service!  Et qu’est-ce que j’ai pas vu aprèèèèèèèès?!! Qu’est-ce que j’ai pas vuuuuuu!!? – je me met en uniforme et je commence une journée qui se terminera à 14 h 🙂

Le reste du stage n’a été qu’anecdote sur anecdote. J’ai ris à m’en cogner la tête contre les murs (c’était ça ou la dépression nerveuse). Étant difficile de raconter le déroulement de ce mois de façon chronologique, je préfère vous le présenter sous forme de chapitres, de catégories.

Dans la catégorie Horaires, sont retenus :

– le surveillant qui arrive tous les jours à 7 h et  repart tous les jours à 13 h. Respect rigoureux des horaires.

– les stagiaires, au nombre de 6, des fois 8 et d’autres 4, qui sont censées arriver en même temps que les infirmières, c’est-à-dire à 7 h mais qui se pointent avant les infirmières, c’est-à-dire à 7 h 30. Non non, il n’y a pas d’erreur. Pour le départ , ces stagiaires partent souvent en même temps que la dernière infirmière partie, aux alentours de 13 h 15. 

– et les infirmières qui, vous l’aurez compris, commencent à arriver à 7 h 31 et à rentrer chez elles vers 12 h 45.

« الصّباطة الذّهبيّة  » revient à l’infirmière  » مزيّة جايّتكم  » qui nous a expliqué ceci dans le couloir :  » مانيش مطلوبة نجي السّبعة متاع الصّباح. حتّى نوكّل صغاري و نتهنّى عالرٌاجل خرج. و إيه شبيه كان جيت الثّمنية و نصّ ؟ . محسوب  « . Petit détail : ses enfants avaient 13 et 15 ans à l’époque.

 

Dans la catégorie Aucun leadership :

 » الصّباطة الذّهبيّة  » va sans contexte au Surveillant que je n’ai jamais entendu faire de réflexion quant à la ponctualité des infirmières. En fait, je ne l’ai jamais entendu faire aucune réflexion sur quoi que ce soit! Non, j’exagère, il m’a déjà fait comprendre que je demandais trop de gants, de compresses et de sac collecteurs d’urine. je lui ai répondu gentiment que je ne les vendais pas :), il n’a pas vraiment aimé.

 

Dans la catégorie Aucun respect de la dignité humaine (ou « ça se passe de commentaires » ou alors  » آش هالسّخطة ؟ « ), sont retenus :

– l’ouvrière (entre femme de ménage et aide-soignante) qui passe dans les chambres le matin en criant, non, pardon, en demandant , de façon à ce que la moitié de l’étage l’entende :   »  أيّا شكون بال على روحو ؟ أيٌا يا فلانة تحبّ يزار ( ملحفة) نظيف ؟ بلت في فرشك ؟ « .  Comprenez que pour avoir un drap propre, il faut avoir été incontinent la veille.

– et les individus au bloc opératoire (je n’ai pas eu le bonheur de les rencontrer) qui sont censés préparer les patients pour la chirurgie. Parce que, pour ce que j’en ai vu, ils « larguent » (j’ai pas trouvé d’autre mot) le patient au beau milieu de la salle de chirurgie (elle est vraiment grande). Mais c’est parce qu’il a près de soixante-dix ans et qu’il a peut-être besoin d’aide pour monter sur la table de chirurgie ? Je ne veux même pas m’imaginer comment il s’est senti puisqu’il était  ربّنا كما خلقتنا  même pas un drap sur le dos.

À vous de faire le choix!

 

Maintenant les inclassables : 

– l’étudiante infirmière qui va observer une chirurgie. ! يا واللّه أحوال  .Gail Devers شعرها لِجْنابها و ظوافرها ذكّروني ب  . L’infirmière de la salle d’op a essayé de l’assassiner du regard à plusieurs reprises. C’est que la demoiselle était prête à plonger dans la plaie!

– le fil de suture introuvable, même dans la pharmacie du Service. Deux solutions  se présentent : envoyer la stagiaire en  chercher au bloc opératoire (ça risque de prendre du temps) ou demander à l’ouvrier d’en trouver, et là, miracle, il lui en reste un dans son casier. Je le prends et comme on m’a bien appris à l’école, je vérifie l’intégrité de l’emballage et la date de péremption (يا واللْه حتّى آني قدّاشني نيّة). L’emballage est intègre, mais c’est périmé depuis presque 1 an. الطّبيب قالْي :  » تي هات برك ! آش عندك ريت !  » المريض يسمع و جرحه محلول و إبتسم إنّها تونس 

– la pharmacie de l’hôpital et sa politique du goutte à goutte. Chaque patient qui part en chirurgie a droit à un flacon d’EFFERALGAN 1000 mg en IV (intra-veineux) pendant l’opération et une autre à sa sortie du bloc.  Pour ceux qui n’y comprennent rien, chaque flacon contient l’équivalent de deux comprimés d’EFFERALGAN 500 (اللّي إتّشتش) qu’on fait passer dans les veines comme السّيروم . Après ça, si tu veux arrêter de souffrir tu te l’achètes toi-même et dans une autre pharmacie que celle de l’hôpital, s’il vous plaît ! À l’époque ça coûtait près de 5 dinars le flacon. Comme quoi, mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade!

 

Il y a encore à développer concernant la relation entre le manque d’argent et de matériel dans l’hôpital et  le trafic de ce matériel mais bon, c’est le sujet d’un mémoire. 

 

Si vous avez été patients jusque là et avez tout lu, soyez-le encore un peu, le clou du spectacle est dans les prochaines lignes :

La fameuse fois où je suis allée au bloc pour observer une chirurgie, 

بما إنّو 25 فرطاس في بيت العمليّة و عييت و آني واقفة ، قلت هات نمشي شويّا نشوف آش فمّا مالجهة الأخرى . وراء هاك اليزار إلّي يخبّي وجه المريض . لقيت المبنّج قاعد يعمل في كلمات متقاطعة . هزّ عينيه خزرلي و من بعد رجع يقاطع في الكلام . قدّامي راس المريض و جْعِب بلكمشة ( معناها برشا تيبات ) منهم وحدة ماشية للمريض فيها مادّة بيضاء قريب توفى . ياخي على نيّتي سألتو شنوّا الأبيض . هزّ عينيه و قحرلي . على هاك الكليمة إلّي قلتها يتلفّت الجرّاح :  » شنوّا سي فلان ؟ مستانس ؟ هكّا توّا ؟

En fait, la réponse à ma question précédente est :  » le produit anesthésique « . L’anesthésiste qui fait des mots croisés (ya9ta3 ken ra9btou!!) alors que le patient risque de se réveiller le ventre ouvert?? Non non, il n’y a pas de quoi être abasourdi, puisque quand j’ai raconté tout ça (et bien d’autres choses) à quelqu’un qui travaillait à l’hôpital, sa réponse a été :  » ما تستغربش . عادي جدّا « 

 

 

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